Réussir
son désherbage.

Réussir son désherbage.

Le sorgho est une culture sensible à la concurrence précoce des mauvaises herbes. La réussite du désherbage est un des points clé de l’itinéraire. C’est surtout la maîtrise des graminées estivales qui est la plus délicate à assurer.

Dans un premier temps, le semis doit être réalisé sur un sol propre et il faut éviter les parcelles fortement envahies en graminées estivales, surtout le panic faux-millet et le sorgho d’alep pour lesquels il n’existe pas de solutions efficaces de lutte chimique dans la culture.

Le sorgho est une culture exigeante à l’implantation, il est important que le sorgho lève rapidement et de manière homogène pour notamment faciliter la maîtrise des adventices et limiter la concurrence qui peut s’exercer entre le sorgho et les graminées estivales notamment. Il convient donc de soigner la préparation du lit de semences, la qualité du semis pour obtenir un contact sol-graine satisfaisant et de semer sur un sol réchauffé (la température du sol doit être supérieure à 12°C) et la profondeur suffisante (3 à 4 cm) permettant de limiter la sensibilité aux herbicides, en particulier les antigraminées racinaires utilisés sur sol filtrant ou avant une période pluvieuse.
Si le recours à un désherbage mécanique précoce est envisagé (avec la herse étrille, par exemple), une profondeur de 4 à 5 cm sera préférable, pour limiter les pertes de pieds.

Le catalogue des usages

L’Arrêté du 26 mars 2014 paru au Journal Officiel du 30 mars 2014, dans un objectif de simplification administrative, définit les modalités de mise en œuvre du catalogue national des usages phytopharmaceutiques. Dans ce nouveau catalogue le sorgho apparaît comme rattaché à la culture du maïs (culture de référence) tout comme le millet, le moha, le miscanthus et le panic (dont Switchgrass) à compter du 1er avril 2014. Ainsi, comme indiqué dans l’article 3 de cet arrêté : « Les décisions d’AMM et de permis dont un usage vise une culture « de référence » sont valables pour le même usage sur les cultures « rattachées ».

Dorénavant, tous les herbicides bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché sur maïs peuvent être autorisés sur sorgho sauf dispositions contraires. En effet, la sélectivité sur la culture du sorgho n’est pas assurée pour l’ensemble des herbicides maïs et peut nécessiter des conditions particulières d’utilisation de ces produits.

Campagne 2023

Pour la campagne 2023, le groupe BASF recommande une dose maximale de dmta-p à 864 g/ha/an, ce qui était déjà le cas pour le sorgho. Pour les Aires d’alimentation de captage, la dose maximale recommandée est de 1152 g/ha sur 2 ans, avec une dose maximale de 864 g/ha/an.

 

En ce qui concerne le s-métholachlore, la dose maximale est plafonnée à 1000 g/ha/an pour les cultures de printemps, dont le sorgho. Par ailleurs, une zone non traitée (ZNT) de 20 mètres avec un Dispositif végétalisé permanent (DVP) de 5 mètres s’applique à l’ensemble des produits contenant du s-métolachlore, en bordure des points et cours d’eau. Cette ZNT pourra être réduite à 5 mètres (dont un DVP de 5 mètres) avec l’emploi de buses homologuées anti-dérive (comme défini dans le Bulletin officiel du ministère de l’Agriculture).

L’utilisation des herbicides contenant du s-métolachlore est par ailleurs interdite sur toute parcelle drainée pendant la période d’écoulement des drains.

 

Le s-métolachlore ne sera plus commercialisé à partir du 20 octobre 2023. Il sera en revanche utilisable jusqu’au 20 octobre 2024.

Le bromoxymil disparaît également du tableau de lutte contre les adventices, suite à une décision réglementaire européenne.

Utilisation durable du s-métolachlore : deux recommandations

– Non utilisation en Aire d’alimentation de captage et zone sensible

– Positionnement de préférence en post-levée précoce (ce qui est déjà le cas pour la culture du sorgho, pour des raisons de sélectivité).

Ces recommandations sont à l’initiative des firmes, et n’ont aucune obligation légale à ce jour. Cependant, la durabilité du désherbage et notamment la gestion des graminées avec des produits racinaires doit passer par un raisonnement plus fin du choix des produits et de leurs doses d’emploi.

Les différentes stratégies de désherbage et les époques de traitement

 

Les herbicides utilisables pour la culture du sorgho et leur positionnement.

Les conseils d’une spécialiste pour bien réussir son désherbage

Enjeux, raisonnement, pré et post-levée, binage, sélectivité, en 3 minutes chrono, Sandrine Volan ingénieur chez Arvalis, Institut-du végétal vous livre ses conseils pratiques.

Le désherbage de post-semis pré-levée du sorgho

Face à une pression constante des graminées et des dicotylédones qui se diversifient, les stratégies de pré-levée restent une valeur sûre en terme d’efficacité en effet la concurrence peut intervenir précocement dès le semis et jusqu’à ce que la végétation recouvre l’inter-rang c’est-à-dire vers 8-10 feuilles pour le sorgho, privant de lumière les adventices qui se trouvent dessous.

L’application de post-semis pré-levée est accessible pour les producteurs français depuis 2016 avec l’homologation d’herbicides, à base de clomazone + pendiméthaline pour l’un et de mésotrione pour les autres.

Ces herbicides utilisés en post-semis pré-levée du sorgho uniquement permettront entre autre de regrouper la levée des graminées estivales et ainsi de positionner les herbicides racinaires de type chloroacétamides à partir de 3 feuilles dans des conditions optimales d’efficacité et notamment sur des graminées non levées ou très jeunes (voir graphique n°1 ci-dessous)

L’échelle utilisée pour exprimer l’efficacité des herbicides va de zéro à dix avec zéro = aucune efficacité, 7 = 95% de destruction de l’adventice, c’est le seuil d’acceptabilité du désherbage et 10 = 100% de destruction, très efficace.
La note d’efficacité globale représente le niveau de salissement de la parcelle sur la flore dominante et secondaire. Les notes par adventices sont données à partir d’une densité individuelle supérieure à 5/m² dans les témoins non traités.

Graphique 1 : Efficacité de clomazone + pendiméthaline, 30 jours après l’application (échelle 0-10).
0 = pas d’efficacité, 7 = seuil d’acceptabilité, 95% de destruction, 10 = très efficace, 100% de destruction.

Graphique 2 : efficacité de la pré-levée 60 jours après application
sur graminées estivales et dicotylédones annuelles

Sur sorgho, l’herbicide à base de clomazone+ pendiméthaline (AlcanceSyncTec) sera utilisé en post-semis pré-levée à la dose de 2 l/ha et peut être associé à de la mésotrione, cette solution complète de pré-levée apporte un frein sur graminées estivales comme le Panic pied de coq, la Digitaire sanguine et dans une moindre mesure la Sétaire et aussi sur certaines dicotylédones (Amarante, Morelle noire, Chénopodes, par exemple) en permettant d’homogénéiser les levées et de pouvoir intervenir en post-levée à partir de 3 feuilles du sorgho sur des adventices non levées ou très jeunes et ainsi de sécuriser le désherbage.

Graphique 3 : Comparaison de l’efficacité des stratégies de désherbage de pré-levée puis post-levée à celle de post-levée
(T = Post-semis Pré-levée, T1 = Post-levée à partir de 3 feuilles du sorgho)

Afin d’assurer une meilleure efficacité, ces produits à pénétration racinaire nécessitent une préparation de sol soignée, peu motteuse et exempte de résidus végétaux. Leur efficacité est conditionnée aux conditions d’application – sol rappuyé et frais – dans les 24 à 48 heures après le semis. Une pluie de 10 à 15 mm dans la décade suivant l’intervention est nécessaire pour une activation satisfaisante de ces herbicides et une persistance optimale pour contrôler les futures levées.

Il est important d’intervenir sur des graminées en cours de levée et ne dépassant pas le stade 2-3 feuilles. Cette application peut être choisie également pour combattre des dicotylédones classiques. Là encore, l’humidité superficielle du sol au moment du traitement et dans les jours qui suivent est primordiale pour la réussite du désherbage notamment pour les herbicides à pénétration racinaire.
L’application à 3 feuilles du sorgho assure une bonne marge de sélectivité des produits vis-à-vis de la culture.

C’est un traitement qui vise essentiellement les dicotylédones (annuelles ou vivaces) et qui nécessite une levée groupée des adventices allant du stade plantule à 4 feuilles pour les annuelles.

Une culture adaptée au désherbage mécanique

Les solutions de désherbage mécanique permettent de compléter et de sécuriser la maîtrise des mauvaises herbes dans la culture. Il est possible de positionner un passage de herse étrille ou de houe rotative quelques jours après le semis (technique du passage « à l’aveugle ») en ayant pris soin de semer un peu plus profondément.

Un (ou plusieurs) binage(s) (avec buttage) peuvent être réalisés vers le stade 5-6 feuilles du sorgho.

Les solutions de désherbage mécanique permettent de compléter et de sécuriser la maîtrise des mauvaises herbes dans la culture. Il est possible de positionner un passage de herse étrille ou de houe rotative quelques jours après le semis (technique du passage « à l’aveugle ») en ayant pris soin de semer un peu plus profondément (recommandation : 5 cm). Un (ou plusieurs) binage(s) (avec buttage) peuvent être réalisés vers le stade 5-6 feuilles du sorgho.